De :   arnoux@iml.univ-mrs.fr

 Date : 26 février 2007 10:39:59 HNEC

À :   M.

Cc :   ...


Bonjour tout le monde,

quelqu'un a-t-il écrit une réponse au texte de Bellaiche

http://www.math.jussieu.fr/~abellaic/LA_CRISE_DES_PREMIERS_CYCLES.pdf ?

C'est un gros travail qui m'est très utile car j'y vois personnellement une compilation de toutes les idées  reçues

que je combats.


En parcourant son site, je découvre qu'il y a une texte encore plus récent

http://www.math.jussieu.fr/~abellaic/Autonomie_universitaire_et_derives_pedagogiques.pdf

dont la lecture des premières lignes me permet de penser que là aussi je vais me régaler!


Bon week end!

M.


PS à André: le site http://www.cassini.fr/ en dit trop ou pas assez sur "Egoïste" ;

personnellement, j'aime bien les *deux* images.


Cher M.,


Je n'ai pas vraiment écrit une réponse au texte de Bellaïche. Je lui avais envoyé mes commentaires à une première version; mais, comme tu peux assez facilement le déduire de son texte, je suis généralement d'accord avec ce qu'il dit.


Je serais intéressé de lire de ta part une réponse plus précise, et une explicitations des "idées reçues que tu combats". Fais cependant attention à un point: il n'est pas du tout impossible que, même si vous réagissez différemment, vous soyez largement d'accord sur le fond, et qu'une attaque sur la forme ne fasse que créer une diversion par rapport aux problèmes actuels, qui sont graves, et n'ont pas une solution unique. Il faudra agir sur plusieurs axes complémentaires pour faire évoluer positivement la situation; or chacun a une analyse personnelle de cette situation, et tend très naturellement à croire que la solution qu'il propose est la meilleure, et que les autres entrent en concurrence avec elle.


Le texte de Bellaïche est assez provocateur ; mais à mon avis, il se contente largement de dire que le rois est nu. Pour ne donner qu'un seul exemple, le calendrier de la licence de Paris 7 qu'il présente est difficilement contestable (il est public), et aussi difficilement soutenable (il ne faut pas réduire cela à un établissement particulier: bien d'autres universités présentent le même type d'emploi du temps, à cause des contraintes réglementaires).


L'essentiel de ce texte réside pour moi dans les deux points suivants:


1) L'étudiant est le seul à pouvoir construire son savoir: je ne pense pas que ce point puisse être contesté; il ne s'agit pas de "pédagogisme", mais d'une constatation que je fais régulièrement sur moi-même quand je lis un article de recherche, et je suppose que tout le monde fait de même.

Autrement dit: le travail de l'étudiant est la seule source d'énergie de l'université; tout le reste, programmes, organisation des enseignements, initiatives pédagogique... consiste seulement à savoir comment on tire partie de cette source d'énergie; cela peut être plus ou moins efficace, et une grande partie de notre métier consiste à optimiser ce processus.


2) Cette source d'énergie fait très largement défaut dans les premiers cycles universitaires scientifiques (et dans quelques autres, semble-t-il). Je n'insisterai pas sur ce point; le texte de Bellaïche le fait très bien, et tout enseignant de premier cycle peut le faire. Il ne s'agit pas de se plaindre des temps actuels, mais tout simplement de comparer avec d'autres enseignements post-bac, et d'utiliser des statistiques variées.


Si l'on n'est pas d'accord sur ces points, il faut l'argumenter. Si on est d'accord, il me semble qu'il en résulte que les initiatives pédagogiques ou organisationnelles, par ailleurs indispensables, ne pourront avoir d'effet que marginal, et que dire autre chose ne pourra conduire qu'à des désillusions.


Reste à savoir à quoi est dû cette absence de travail, chose sur laquelle j'ai, comme bien d'autres, des idées, et ce qu'on peut faire pour y remédier...


Cordialement,

  Pierre