Eau et santé à Heremakono Mali


Témoignage d'Antoine Monsel le 25 janvier 2006 à La Grange (Limours)



Je suis sûr que ce soir, Hélène aurait été émue, tout comme moi, de découvrir l’ampleur du projet mené à bien par l’association Viva-San, grâce aux souscriptions et à l’énergie porteuse de vous tous.

Un dispensaire est sorti de terre, portant avec lui tout l’espoir que l’on peut placer dans un projet solidaire.

Il y a un peu plus de deux ans maintenant, nous revenions de notre stage de pédiatrie effectué à Bamako dans le service du professeur Keita. Nous clôturions ainsi nos 7 premières années de médecine. Cela faisait 4 ans que nous deux poursuivions ce but de partir en Afrique. D’un projet commun est né une réalité intense qui nous a marqués à tout jamais.
Durant ces trois mois passés ensemble, Hélène m’a fait part de sa révolte et de son bouleversement face à la situation sanitaire du pays. Nous avons partagé nos doutes, nos désillusions, nos espoirs.

Les lendemains de nos longues gardes passées à essayer de résoudre des situations insolubles, nous avions besoin de parler. Je me souviens d’un enfant de quelques semaines qu’Hélène avait essayé de réanimer seule ; cela faisait sans doute plusieurs jours qu’il se déshydratait et que sa mère avait pris ce long chemin les menant à l’unique service public pédiatrique universitaire malien. Il était probablement arrivé mort à l’hôpital, mais ne sachant que faire, devant le désarroi de sa mère, tu avais voulu essayer, tout faire pour l’aider. En vain. Je me souviens également t’avoir remplacé au chevet d’un enfant chez qui tu avais réalisé une ponction pleurale pour l’aider à respirer. Tuberculose ou SIDA nous ne savions pas trop, comme toujours, on ne savait jamais, cela ne changeait d’ailleurs presque rien car quelque soit le traitement, les familles ne pouvaient pas y accéder. Durant cette ponction, tu as eu un malaise. Tu m’as demandé calmement de prendre ton relais. Ce que j’ai fait. Je t’ai fait asseoir, tu étais pâle, comme sidérée par la situation. Nous étions un peu perdus.

Nous nous étions rendus dans le village de Heremakono, près de Bamako où naissait l’ambitieuse idée de construire un dispensaire qui servirait à soigner près de 6 villages alentours. Lors de notre visite, guidée par Danielle Boudault, nous avions essayé de soigner quelques habitants du village, nous rendant bien compte que l’accès au soin constituait déjà à 40 km de Bamako un problème crucial. C’est grâce à des personnalités comme celles de Danielle Boudault, Abba Dramé, ou Marouf Keita que nous avons entrevu l’espoir de solutions viables. Vous nous avez alors montré qu’avec relativement peu de moyens nous pouvions en organisant les choses, aider les maliens à s’aider eux-mêmes. Quel beau symbole l’aboutissement d’un projet commun construit autour d’une même idée, ce centre, né de la récolte des fonds recueillis à l’occasion de ta disparition représente. Nous montrons tous ce soir, que la solidarité humaine aide à unir les individus autour d’un même thème poursuivant un même but. Hélène aurait probablement été heureuse de constater la concrétisation bien réelle de ce dispensaire ou désormais des soins médicaux, des aides vont pouvoir être prodigués quotidiennement à des centaines de maliens. C’est la réalisation d’un idéal.

Merci à tous, pour votre précieuse et généreuse collaboration.