Hélène Waldschmidt




Témoignages et textes lus lors de la messe du mardi 28 septembre 2004 à Limours




Témoignage de Michel, son papa


Hélène, Ma chère Hélène,

J'ai beaucoup de chance que tu sois ma fille; cela m'a permis de t'accompagner tout au long de ta trop courte vie. Nous avons vécu de belles expériences tous les deux. Notre ascension du Mont Blanc était géniale. Tu m'as fait découvrir la montagne, ta passion. Je t'ai fait découvrir la course à pied; nous en avons fait des kilomètres, côte à côte. C'était l'occasion de parler, de plaisanter, d'échanger, de mieux nous connaître.

Du moins je le croyais. J'ai appris la semaine dernière quelles terribles souffrances psychologiques t'avaient accablée - tu as si bien su les dissimuler, petite coquine! Pour faire cesser cette insupportable torture, tu as choisi la voie qui te paraissait la meilleure - elle a dû te demander un formidable courage. Te voilà libérée. Cela ne devrait pas nous attrister, mais ce sera quand même dur de continuer à vivre en sachant que tu n'es plus là.

Peut-être te doutais-tu que ta vie serait brève? En tout cas elle a été incroyablement dense, tu as accompli tant de prouesses, réalisé tant de projets, c'est admirable. Ton dynamisme était exceptionnel, tu étais pleine d'énergie, rayonnante. Les échecs étaient pour toi une épreuve - rare, mais ô combien difficile.

Les derniers mois de ta vie ont été illuminés par un amour intense - as-tu craint de ne pas en être digne? Tu as emporté ton secret, nous restons avec notre chagrin.

Pardon si j'ai lu ton journal intime au lendemain de ta mort. Il m'a permis, sûrement pas de comprendre, mais tout juste d'essayer de deviner.

Tu es tout simplement formidable, je t'admire, et ton absence ne m'empêche pas de continuer à t'aimer.



Témoignage d'Alexis, son frère


Ma petite soeur,

Je garderai de toi le souvenir de tous les moments de bonheur que nous avons passé ensemble, de ton sourire et de ta joie.

J'ai deux ans de plus que toi, et pourtant tu m'appelais souvent Mon petit frère; c'était pour moi une preuve évidente de ton amour pour moi et de notre complicité.

Je ressens un vide immense depuis que tu es partie.

Mais j'ai aussi compris que tu souhaitais très fort mon bonheur.

Alors je vais essayer d'être heureux dans ma vie, car c'est désormais le plus beau cadeau que je puisse t'offrir.


Témoignage de Niko



Il y a une semaine, l'être le plus cher avec qui il me soit donné de partager un moment de ma vie est parti pour un voyage sans retour. Je n'ai pu trouver des mots pour exprimer mon souvenir. Aussi ces quelques phrases, je les emprunte à Antoine de Saint Exupéry; elles sont tirées des ouvrages "Citadelles" et "Le Petit Prince". Elles sont le reflet de cette année passée à tes cotés, à te soutenir dans les moments difficiles, à t'aimer, tout simplement. Seule la dernière phrase est de moi. Elle est vide de mots, mais non de sens.
"Si tu veux comprendre le mot de bonheur, il faut l'entendre comme récompense, et non comme but."
"On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux."
"L'amour , l'amour est avant tout audience dans le silence".


Nicolas Kalisz.


Témoignage de Dorothée, amie de l'hôpital de la Pitié Salepétrière, Paris




Hélène était une amie très chère, une amie pas comme les autres.
Cette jolie fille de l'est, qui nous étonnait toujours par sa force, son courage et cette volonté de fer dont elle savait faire preuve dans le sport pour réaliser des performances plus dures les unes que les autres, et par ses voyages les plus fous, à partir seule à l'autre bout du monde.
Hélène était aussi une âme généreuse, toujours là pour vous écouter, vous soutenir, vous comprendre ou bien vous guider, même lors des moments difficiles.
Alors à toi Hélène, avec qui nous avons tant de beaux souvenirs, nous ne t'oublierons jamais.



Témoignage de Kim, amie de l'hôpital de la Pitié Salepétrière, Paris




La lettre à Hélène

Hélène était une camarade de faculté.

Notre rencontre amicale s’était faite tardivement quand nous étions externes dans le service de néphrologie, juste avant le concours d’internat. Nous étions encadrées par un chef de clinique, Hassan qu’on admirait.

J’avais beaucoup d’admiration pour Hélène aussi.
Pour sa droiture et sa grande détermination : il y avait une totale adéquation entre ce qu’elle disait et ce qu’elle faisait.
Pour son esprit sportif et combattif : elle était capable de courir pendant des heures. J’aimais la voir escalader. Elle dansait littéralement sur le mur.
Et enfin, pour sa soif d’aventures et son courage : elle pouvait aller toute seule en Inde pour un stage de médecine et aller découvrir le Mali avec Antoine.

Et elle a décidé de s’envoler…

Chère Hélène, nous, ta famille et tes amis, sommes ici pour fermer une parenthèse et ouvrir une autre ; pour t’accompagner dans le choix que tu avais fait et j’espère que notre présence dans cette église pourra alléger la peine que nous ressentons parce que tu n’es plus là physiquement.



Témoignage de Réka et Jérôme, amis de l'hôpital de Besançon



La communauté médicale de l'hôpital de Besançon a été profondément touchée par le décès d'Hélène.

Hélène avait effectué son premier stage en hépatologie, et depuis mai, travaillait en pneumologie, discipline dont elle avait choisi de faire sa spécialité (à la grande satisfaction de ses chefs d'ailleurs.)

Hélène nous laisse le souvenir d'une jeune femme aux qualités multiples. Outre sa compétence médicale et sa motivation, elle manifestait ces qualités humaines, particulièrement dans l'accompagnement des malades au sein du service de pneumologie, à orientation cancérologique.

Mais les internes se souviennent aussi qu'Hélène avait l'habitude de quitter sa blouse pour enfiler ses baskets et son short, et aller courir par tous temps, ou se relaxer en grimpant après sa journée de travail.

Elle avait communiqué à ses amis sa passion pour la montagne, beaucoup avaient été étonnés de découvrir chez cette jeune parisienne une montagnarde aguerrie. Elle épatait par ses performances sportives les garçons les plus athlétiques de l'internat.

Pour ses amis et ses collègues bisontins, Hélène était apparue ces dernières semaines heureuse et plein de joie de vivre. Elle se réjouissait de son prochain stage prévu à Pontarlier, qui devait la rapprocher un peu plus de ses chères montagnes.

C'est cette Hélène là que ses collègues et ses amis garderont en mémoire.

Réka Zsigmond & Jérôme Jehl.


Témoignage de Bernard



Vous le savez Hélène était une sportive accomplie. Elle a participé au championnat de France de cross, puis de 1500 m. Lors de ses passages à Limours elle ne manquait jamais de rejoindre notre petit groupe de coureurs à pied au niveau bien modeste. Elle avait beaucoup de prévenance envers les anciens: "attention Serge, le terrain n'est pas très bon", "Bernard, ça va? on ne va pas trop vite?"
Avec Michel son papa, Jacques et notre ami Franck, guide de Haute Montagne, nous avons subi une tempête de neige pendant des heures au cours d'une randonnée Alpine. Hélène dans la cordée était derrière moi et sans cesse elle m'encourageait, me conseillait... et le soir au refuge alors que nos vêtements étaient très mouillés elle était encore pleine d'attentions: "si tu veux je peux te prêter une polaire à peu près sèche" - "Tu n'as pas froid?"-
Pour ces "petits riens"... et le reste, MERCI HÉLÈNE.


Vos enfants, de Gibran Khalil Gibran, lu par Michel



Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ils sont les fils et les filles
de l'appel de la vie à elle-même.
Ils viennent à travers vous,
mais non de vous.
Et bien qu'ils soient avec vous,
ils ne vous appartiennent pas.

Vous pouvez leur donner votre amour,
mais non point vos pensées,
car ils ont leurs propres pensées.
Vous pouvez accueillir leurs corps,
mais pas leurs âmes,
car leurs âmes habitent
la maison de demain,
que vous ne pouvez visiter,
pas même dans vos rêves.

Vous pouvez vous efforcez d'être comme eux,
mais ne tentez pas de les faire comme vous.
Car la vie ne va pas en arrière,
ni ne s'attarde avec hier.
Vous êtes les arcs
par lesquels vos enfants,
comme des flèches vivantes,
sont projetés.

L'Archer voit le but sur le chemin de l'infini,
et Il vous tend de sa puissance
pour que vos flèches puissent voler vite et loin.
Que votre tension par la main de l'Archer
soit pour la joie car,
de même qu'Il aime la flèche qui vole,
Il aime l'arc qui est stable.




L'amour ne disparaît jamais de Saint Augustin, adapté par Charles Péguy, lu par Anne, sa maman



L'amour ne disparaît jamais, la mort n'est rien.
Je suis seulement passé dans la pièce à côté.
Je suis moi, tu es toi. 
Ce que nous étions l'un pour l'autre nous le sommes toujours.

Donne-moi le nom que tu m'as toujours donné.
Parle-moi comme tu l'as toujours fait.
N'emploie pas un ton différent, ne prends pas un air solennel ou triste.

Continue à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.
Prie, souris, pense à moi.
Prie pour moi.
Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été,
sans emphase d'aucune sorte, sans une trace d'ombre.

La vie signifie tout ce qu'elle a toujours signifié.
Elle est ce qu'elle a toujours été.
Le fil n'est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de ta pensée simplement parce que je suis hors de ta vie...
Je t'attends, je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.
Tu vois, tout est bien.