Les soucis de la BIUSJ



Résumé des épsiodes précédents
La bibliothèque de mathématiques recherche et la BIUSJ
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Le projet de bibliothèque unique sur deux sites
Le projet proposé par Paris 6
Où en est la bibliothèque de mathématiques recherche ?
Un rapport récent
Sur la réponse de J.-C. Pomerol à V. Berger

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A propos de la pétition

Il faut d'abord préciser que la "longue vie conjugale" partagée par Paris 6 et 7 sur le site de Jussieu n'a pas toujours été facile. Les deux universités se sont néanmoins longtemps accommodées de ce système qui leur a permis de mettre en commun leurs efforts, avec l'aide de l'état, pour bâtir un système de bibliothèques de tout premier ordre, à partir de l'héritage de la Sorbonne.

Le chantier du désamiantiage de Jussieu, avec la perspective d'une séparation physique des deux universités, a conduit à de nouveaux projets : d'une part l'université Paris 6 devra occuper la totalité du site de Jussieu, d'autre part l'université Paris 7 s'implantera dans un nouveau campus, situé au sud de la bibliothèque nationale François Mitterrand, dans la zone "Paris Rive Gauche" (PRG). La question de la séparation des bibliothèques qui composent la BIUSJ (voir La bibliothèque de mathématiques), c'est à dire en premier lieu de leurs collections, s'est posée. Mais il s'est posée aussi la question du partage des financements et des personnels (plus d'une centaine) spécifiques de la BIUSJ, qui avaient été affectés à Paris 6.

Ces deux questions sont en principe disjointes : la première, celle qui concerne les collections, se pose différemment selon les disciplines scientifiques (et selon qu'il s'agit des bibliothèques d'enseignement ou de recherche, mais dans ce qui suit, je ne parle que des bibliothèques de recherche). Ainsi beaucoup de disciplines scientifiques sont plus développées à Paris 6 (qui, rappelons-le, est la plus grosse université scientifique de France) qu'à Paris 7 (qui est une université plus petite et où les sciences exactes ne sont pas majoritaires). Il est donc alors naturel que les collections correspondant à cette discipline aillent plutôt du côté de Paris 6, surtout si, en plus du financement BIUSJ, cette université a davantage participé au financement de la bibliothèque de la discipline concernée. La situation est en revanche différente pour certaines disciplines, comme par exemple les mathématiques pour la recherche, car il y presque autant de mathématiciens à Paris 7 qu'à Paris 6 et les deux universités y ont contribué dans des proportions comparables. Le problème d'un éventuel partage est alors plus complexe. Dans tous les cas, il semble essentiel d'examiner au cas par cas la situation pour chaque discipline et s'il y a une difficulté, comme c'était le cas pour les mathématiques, de consulter les représentants de cette discipline.

La deuxième question est celle du partage du "gâteau BIUSJ" et doit être débattue à un niveau plus global, entre les présidences des deux universités et, en théorie, avec un arbitrage du Ministère. Jusqu'à la 2008, c'est à dire avant que la BIUSJ soit dénoncée, la question était de savoir si les moyens BIUSJ allaient continuer à être affectés à l'université Paris 6, comme semble-t-il le revendiquait Paris 6, ou bien si certaines bibliothèques allaient être rattachées pour gestion à Paris 7, comme le souhaitait Paris 7 pour les Sciences de la Terre, les Mathématiques et l'Informatique. Cette question, qui fut longtemps assez anodine, devenait de moins en moins innocente à mesure que l'on s'approchait du passage à l'autonomie des deux universités, prévu le premier janvier 2009, car le mot "affectation" y prend un sens différent...

Ainsi, en ce qui concerne les mathématiques et l'informatique, l'université Paris 7 envisageait que la bibliothèque inter-universitaire de Mathématiques et d'Informatique soit rattachée pour gestion à l'université Paris 7 et régie par une convention inter-établissement liant Paris 6, Paris 7 et le CNRS et qu'elle soit bilocalisée, mais sans s'opposer à ce que le site "principal" puisse être situé sur Jussieu.

Mais il semble que les deux universités n'aient pas réussi à avoir une discussion directe sur ces points fin 2008.

Le 15 décembre 2008, le Conseil d'Administration de Paris 6 dénonçait la convention de 1992 (voir La bibliothèque de mathématiques) qui fondait la BIUSJ. De l'autre côté, l'université Paris 7 venait d'entrer dans une crise de gouvernance qui allait durer six mois et qui allait la paralyser complètement durant cette période. [Rappelons les faits : les élections du Conseil d'Administration (CA) de Paris 7 ont été invalidées par un jugement rendu par un tribunal à l'automne 2008, à cause d'irrégularités dans les élections, de ce fait le CA de Paris 7 ne pouvait plus rien décider. Une réélection a eu lieu en février 2009, mais a été presque immédiatement annulée, et le CA actuellement en exercice, et qui a élu Vincent Berger président, n'a été mis en place "définitivement" qu'au printemps 2009.]

Ces évènements ont eu lieu presque en même temps que le passage aux compétences et responsabilités élargies des deux universités, le premier janvier 2009, tel qu'il est prévu par la LRU. J'ai entendu ou lu que la dénonciation de la BIUSJ était rendue obligatoire par la LRU et le passage à l'autonomie : il n'en est rien à mon avis (voir à ce propos le rapport récent de B. Larrouturrou). Mais il est vrai que le passage à l'autonomie a précipité les évènements.


Last modified: Mon Nov 9 16:19:12 CET 2009